Hola companeros, una pequeña vuelta al pasado. Je vous parle d’un temps lointain maintenant, car cette dernière excursion avec Démian remonte au 29 janvier, la veille de son retour en Espagne…Pour moi, à ce moment-là, il me restera encore un mois merveilleux à passer avec Chrys et Juju ! Mais d’abord, laissez-moi vous raconter la découverte de cette petite île, à quelques encablures du continent, l’îlet la Mère.
C’est la plus grande des îles formées par La Mère, Le Père, l’Enfant perdu, Le Malingre et Les Mamelles. La légende raconte que cette famille d’îlets se promenait par là et fut surprise par un raz-de-marée. Ils s’éparpillèrent tous au large : l’îlet la Mère, l’îlet le Père, les deux Mamelles (les filles) et le Malingre (leur serviteur) qui sont aujourd’hui rattachés à la ville de Cayenne. Quant au dernier îlet (leur fils), il a dérivé au loin et fait partie de la commune de Macouria. On l’appelle l’Enfant Perdu… La Guyane, c’est un poème à ciel ouvert…
La veille, histoire de se lécher les babines, nous sommes une nouvelle fois allés au marché de Cayenne, chez notre vietnamien préféré, déguster sa fameuse soupe. Je crois que je pourrais en manger matin, midi et soir tellement c’est bon !
Le lendemain donc, nous partons au sud de Cayenne à une quinzaine de kilomètres tout au plus, pour rejoindre le dégrad du village de Roura, au bord de la rivière Oyak. L’endroit est magnifique. La brume matinale enveloppe d’un voile mystérieux la rivière et la forêt environnante. Nous marchons sur un sentier herbeux qui nous conduit en douceur au pied du dégrad. Là, une jolie petite église nous accueille ainsi qu’une adorable maison créole aux couleurs pastels. L’ambiance est calme et reposante. Nous sentons dans l’air flotter l’odeur suave de l’aventure…
Notre guide et sa pirogue ne tarde pas. Evidemment une fois de plus, nous serons seuls. A croire que nous faisons fuir les gens…Juliane, qui a l’œil pour tout ce qui a trait à la mécanique et autre carrosserie, ne tarde pas à remarquer que notre pirogue a un fond plat, c’est à dire que c’est une embarcation pour les rivières…et non pour la mer. Or notre destination, bien que proche du continent, se trouve à environ trois miles nautique soit un peu plus de cinq kilomètres. Pour le moment, il se contente juste d’en faire la remarque…Nous descendons la rivière quelques minutes. La fileuse longe la rive, tout proche de la forêt. Nous apercevons ici et là quelques petits canaux qui s’enfoncent et se perdent au milieu de la végétation touffue. Nous y ferons une incursion à notre retour. L’air est encore un peu frais, nous supportons les coupe-vent. Arrivés proche de l’embouchure, nous passons au large du port de commerce des Cannes, qui est censé être un grand port maritime de Guyane. Depuis le 1er janvier 2013, il est d’ailleurs dénommé « Grand Port Maritime de la Guyane », si ce n’est que la seule grue servant au débarquement des marchandises, s’est fracassée au beau milieu du port depuis belle lurette, interdisant ainsi tout débarquement. Quand je vous dis que la Guyane est un poème à ciel ouvert !!
L’embouchure, une fois de plus pour une « rivière », est impressionnante. Pas moins de trois kilomètres de large… De là, nous pouvons apercevoir notre destination, petit point perdu au large. Il ne nous faut pas longtemps pour nous rendre compte que nous avons quitté les eaux paisibles de la rivière. Les vagues du large que nous prenons de face commencent à soulever la pirogue, d’abord doucement puis de plus en plus rapproché et de plus en plus…haut. Juju refait alors la même remarque qu’au début, un peu plus fort cependant, concernant le fond plat de la pirogue. Peut-être pensait-il qu’on ne l’avait pas entendu la première fois ! Bon, ce ne sont pas les vagues d’Hawaï non plus, n’exagérons pas, mais le bruit que fait la barque en frappant l’eau et la secousse que nous prenons dans le bas du dos, nous incitent prudemment à enfiler nos gilets de sauvetage, tant pis pour les fesses. Il faut dire que notre guide est un pêcheur du coin, pas une agence de voyage. Le bouche à oreille nous l’a conseillé, ou le téléphone guyanais, ça marche aussi.
Après quelques minutes de traversée, nous pouvons deviner plus précisément l’aspect de l’îlet, sorte de petite colline posée sur l’eau et bien sûr recouverte de forêt tropicale. Le rivage est bordé d’arbres géants et de cocotiers qui frôlent, nonchalants, les flots. Par endroits, de jolis murets gris cintrent cet écrin émeraude. A l’abri de l’île, maintenant que nous sommes en approche, la mer se calme et nous avec. Le ciel s’est dégagé, ça commence à cogner. Nous accostons sur un magnifique dégrad construit en pierres plates par les bagnards. Ce qui m’amène à un peu d’histoire sur cette île. Pour les non-amateurs, passez aux photos…
On sait que l’îlet fût l’objet d’occupations amérindiennes difficilement datables. Dès 1643, la France organise des expéditions pour tenter de coloniser la Guyane. A cette période, les Jésuites arrivent puis occupent l’îlet la Mère. Celui-ci « accueille » de plus à partir de 1776, les lépreux de Cayenne. En 1786, l’îlet est très largement défriché pour l’implantation d’une ferme.
En 1852 est ouvert le pénitencier de l’îlet la Mère, parmi les premiers bagnes de Guyane. S’y succèderont : les déportés politiques, les condamnés aux travaux forcés, les récidivistes, les interdits de séjour, puis enfin les invalides et les « travaux légers » de tous les autres pénitenciers. Une quinzaine de bâtiments pouvait accueillir jusqu’à six cent détenus. Vingt ans après son ouverture, une épidémie de fièvre jaune frappe le bagne et contraint à l’abandon de l’îlet. Ah merde, ça avait l’air sympa pourtant…
En 1981, l’institut Pasteur construit une annexe sur l’îlet. Un élevage de Saïmiri (ou singe écureuil) est implanté sur l’île. Les singes sont réservés pour le prélèvement de sérum servant à l’élaboration d’un traitement antipaludique. Certains individus étaient en cage (décidément), d’autres en liberté. En 2001 l’institut Pasteur se retire et les îlets sont alors affectés au Conservatoire du Littoral. Depuis, les individus laissés en liberté ont prospéré, d’où notre visite…(from Wikipédia)
Tout comme les indiens lors de l’arrivée des premiers européens en Amérique, les singes nous ont vu venir de loin. Cachés dans les arbres géants, nous ne les avons pas vus de suite. Mais rapidement, notre regard est attiré par des bruits et des mouvements suspects en provenance des grands arbres. Notre but n’est pas de visiter l’îlet, non pas par flemme (le tour ne fait que trois kilomètres et demi), mais parce que d’une part la végétation nous est maintenant familière, et que d’autre part nous voulons vraiment voir les singes de près. Or d’après le guide, il nous suffit de prendre le petit sentier qui suit le rivage, à l’ombre de la canopée, et de rejoindre une jolie plage à quelques deux cent mètres du dégrad.
La saison des pluie qui nous accompagne depuis le début du séjour, nous tient par voie de conséquence quelque peu éloignés des animaux, dans chacune de nos expéditions. Ils ont plutôt tendance à se prémunir de la pluie en se mettant à l’abri dans quelques recoins inaccessibles, et sont donc peu visibles. Nous nous attendons donc à n’apercevoir que quelques individus, craintifs et hauts perchés à la cime des arbres. Mais à peine avons nous entamé le sentier que, sans crier gare, un Saïmiri saute sur le sac à dos de Chrys. Personne ne l’a vu venir, caché sur l’arbre juste au dessus de nous ! Peut-être un éclaireur, sans aucun doute le plus courageux. Cris de surprise, rires, bonheur de voir cette petite peluche si près de nous et si peu farouche.
Selon les régions ou pays (Amérique Centrale et nord-ouest de l’Amérique du Sud), on lui donne d’autres noms comme le Singe-écureuil, Sapajou jaune, Saïmiri aurore, Saïmiri à dos brûlé, Boca-prêta (« bouche noire » au Brésil). Très sociable, il s’associe avec le singe Capucin, extrêmement vigilant aux prédateurs. Les Saïmiris sont hyper actifs. Du coup, ils sont suivis par les toucans qui attrapent au vol les créatures dérangées par le passage des singes. À la saison humide, lorsque la forêt est inondée, certains poissons accompagnent les trajets des virevoltants primates pour récupérer les fruits tombés à l’eau. C’est pas beau l’osmose ?!
Ils sont vraiment magnifiques à voir : Robe courte, épaisse, douce et brillamment colorée. Dessus gris olivacé plus ou moins brillant. Dessous jaune pâle à blanchâtre. Avant-bras, pieds et mains dorés à jaune orangé brillant. Gorge et menton blanchâtres. Le museau noir presque nu contraste avec la face rose elle-même cerclée de « lunettes ». Grands yeux rapprochés et oreilles « humaines » cachées par des touffes blanches. Les canines du mâle (3,5 mm) sont plus développées que celles de la femelle (2,7 mm)… Bon, c’est vrai que ce dernier point est légèrement flippant, surtout quand tu les as sur toi !
Nous prenons cette visite tombée du ciel pour un geste de sympathique accueil, sachant pertinemment que ce qui les intéresse avant tout, c’est ce qui se trouve dans nos sacs à dos…Nous continuons la trace au milieu des arbres qui commencent à grouiller de singes, longeant la mer. Certains moments dans la vie, rares, te font vibrer. Un de plus maintenant, dans cette Guyane si envoutante. Jamais ailleurs, autant qu’ici, je n’ai éprouvé ce sentiment de plénitude, ce sentiment de proximité avec la beauté de la nature…
Nous atteignons la plage sans problème, au bout de dix minutes. C’est une jolie petite crique que la forêt laisse à découvert. Les grands arbres font mine de vouloir si rafraichir. Le sable couleur beige, encore humide de la dernière marée, est doux sous les pieds. Quelques rochers noirs sertissent ce petit joyaux et les murets, de même couleur, rappellent la présence humaine, si l’on peut dire.
Tournés vers la mer, pour ne pas que les singes voient ce que nous préparons, nous les sentons piailler d’impatience, car, malins comme un singe, ils ont bien compris que nous allions leur donner à manger. Pour le moment, ils n’osent s’approcher pour la simple et bonne raison que nous avons les pieds dans l’eau, et l’eau, ils évitent…Ils restent à bonne distance, dans les branches basses. Mais dès que nous sortons de l’eau et commençons à tendre les bras, c’est la ruée vers l’or. Il y a au moins vingt ou trente individus qui se précipitent sur nous. Houla les gars, tranquille, il y en aura pour tout le monde ! En moins de deux secondes, les voilà sur nous. Démian en aura jusqu’à sept sur lui. Un sur chaque jambe, deux sur chaque bras et un sur la tête ! C’est vraiment top, d’autant qu’on ne ressent aucune agressivité de leur part. De leurs longs doigts effilés, ils prennent rapidement mais délicatement ce que nous leur présentons. Certains se disputent le bout de biscuit, alors qu’ils sont sur notre tête ou nos épaules, en poussant de petits cris stridents. C’est un peu inquiétant sur le moment, mais nous ne risquons rien, sauf peut-être un petit oubli de leur part, vous voyez le genre, style je me lâche sur le tee-shirt blanc… Sitôt nos mains vidées jusqu’à la moindre miette, ils sautent sur celui de nous qui a refait le plein, sans plus d’égard pour la main nourricière !
Les plus timides, ou ceux qui sont peut-être hiérarchiquement inférieurs restent sur les branches basses. Pas de raison que ce soient toujours les mêmes qui s’engraissent, c’est pas le Cac 40 ici. En sécurité dans les branchages, ils attrapent habilement au vol les morceaux de biscuit. Nous, on en profite pour faire de belles photos ! Le ballet durera une bonne heure. Moi j’ai chaud, j’en profite pour me baigner une fois de plus dans un endroit insolite.
Pendant ce temps, Démian s’est fait un pote. Le curieux de la bande lui est monté sur la tête et, accroché à la visière de sa casquette, penchant sa petite tête à l’envers, regarde Démian droit dans les yeux. Oh, salut cousin. Trop marrant ! Juju fait quelques essais avec le drone, prend de jolies photos et filme le coin. J’espère pouvoir faire un montage un jour de toutes les vidéos prises au cours du séjour… Nous retournons à la pirogue, discrètement accompagnés par la troupe qui a repris le chemin des arbres. Très polis, voilà qu’ils nous raccompagnent, n’hésitant pas à nous suivre à découvert maintenant, sur les pierres plates du dégrad. A les voir avancer ainsi hors de la forêt, debout tels de petits hommes, j’ai l’impression de revivre une scène du film « La planète des singes ». Nos poches et nos sacs étant vides, les voilà repartis dans la forêt, nous laissant à notre plaisir de cette incroyable rencontre…
Le retour en pirogue est plus tranquille, les vagues allant dans le même sens que nous à présent (Juju est plus tranquille, bien qu’il soit le seul à remettre son gilet de sauvetage…). De retour sur la rivière, nous ferons une incursion dans les petits canaux, la pirogue se faufilant entre les branches des palétuviers. Nous cherchons à surprendre des ibis rouges. Nous en verrons un peu plus loin, en plein vol. Le spectacle est magique, le rouge orangé de leur plumage se détachant sur le ciel bleu, comme pour marquer à l’encre rouge la fin de cette belle journée.
Pensez à cliquer sur les photos ! (par série de 3)

















































Punaise que j’ai rigolé sur cet article Papa, tant sur le texte que sur les commentaires des photos. Trop rigolo. Supers souvenirs, ça fait du bien de lire ça… on y va samedi ! Les excursions ont enfin ré ouverts avec un autre prestataire…
Je t’aime mon papa d’amour très très fort
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