Pas de repos pour les braves ! Après les deux jours passés au camp Canopée, nous enchaînons avec deux autres sites, deux autres belles expériences différentes et toujours aussi délectables. Pour nous rendre au camp Bonaventure, nous prenons la route plein sud, en direction du charmant village de Cacao. Puis il nous faut prendre la piste de Bélizon Pk 81, pendant 7 kilomètres. Une piste forestière monte sur notre gauche, pendant 3 kilomètres avant d’accéder au site. Nous sommes à 2 heures de Cayenne.
La piste qui nous mène au camp est comme d’habitude, défoncée, et nous serrons les fesses à chaque fois que la petite mais solide C3, roule dans un nid d’autruche. La forêt est là, omniprésente, dense, opaque, mystérieuse. La petite voie de terre que nous suivons semble dérisoire, prête à être engloutie. Aussi, quand nous arrivons enfin au camp, quelle surprise de découvrir un espace à découvert, dégagé de tout arbre géant et de végétation exubérante, envahissante et désordonnée. Ici, la nature est domptée (faut pas parler trop vite quand même). En fait de camp, c’est un jardin qui nous est offert : des arbres fruitiers (manguiers, ramboutans…), du bois de rose et toutes sortes de palmiers aussi beaux les uns que les autres ! C’est un vrai régal pour les yeux et pour l’esprit, comme si notre besoin rassurant d’ordre, de clarté, de beauté canalisée refaisait surface, après avoir été submergés par une nature excessive et déchaînée…Cela dit ne nous y trompons pas, la forêt, la vraie, la sauvage, est toujours là, encerclant le camp de son voile magique et nébuleux…Quelques layons d’ailleurs, y pénètrent, timidement.
Mais nous savons d’emblée que l’endroit sera paisible, relaxant, car d’une part on ne voit aucun autre touriste (il y a plusieurs carbets pouvant accueillir 40 personnes), et parce que nous n’avons pas prévu d’autre activité que celle de nous reposer. Si l’on ajoute à tout cela que nous avons hérité du carbet le plus sympa, à savoir le plus près de la petite rivière et de la crique, nous pouvons encore dire un grand merci à notre ministre du bon temps ! Comme d’habitude, nous installons nos hamacs, bien accrochés aux poutres adjacentes. Le rituel est bien rodé maintenant. La mise en place de la moustiquaire et de tout le nécessaire pour la nuit n’a plus de secret pour nous. Puis nous nous régalons de cheminer à travers le camp et ses merveilles. Les palmiers rouge à lèvres (cyrtostachys renda) sont tout simplement magnifiques. La couleur de leurs troncs alterne le vert et le rouge avant que la ramure ne se déploie, large et délicate. L’arbre du voyageur, beau comme un éventail de cyclope (why not ?), le palmier awara et ses délicates dates couleur de miel (non comestibles), et encore celui-là aux feuilles argentées en forme d’étoile. C’est un festival botaniqueste !
Comme nous sommes arrivés dans l’après-midi, après la route et la piste, l’installation et la visite du jardin, il nous faut penser à deux choses essentielles maintenant, la douche et le repas. Pour la première, le gérant nous propose deux solutions : la première consiste à aller dans les douches communes, l’autre à aller faire nos ablutions directement dans la crique, à quelques mètres de là. Evidemment nous optons pour l’option la plus inattendue, la crique. De toute façon, l’eau des douches communes vient de la rivière et repart dans la rivière…Nous nous dirigeons donc vers notre salle de bain made in Amazonia, marchant dans ses eaux peu profondes, bordées de bambous géants, de palmiers, et autres beautés florales. La crique est bucolique à souhait et c’est avec grand plaisir que nous nous y baignons, l’eau jusqu’à la taille, délicieusement fraiche ! Que les puristes se rassurent, nous nous lavons avec un véritable savon écolo, puisque notre ministre du bon temps fabrique elle même tous ses produits (savon, Shampooing, déodorant, produit machine à laver, etc), avec des produits naturels. Nous ne polluons donc pas ce petit paradis ! Quelle partie de plaisir et de rigolade dans cet endroit magique !
De retour au carbet, il est temps maintenant de préparer notre repas du soir qui sera composé d’une belle salade verte, d’une énorme et savoureuse côte à l’os et de pommes de terre cuites dans la braise du barbecue. La nuit commence à tomber, les crapauds buffle se réveillent et leurs chants, que je suppose amoureux, emplissent le crépuscule d’une douce langueur. L’apéro se prolonge, les verres se vident et se remplissent…Nous ne risquons rien, pas de conduite et le hamac est juste à côté. Le repas est délicieux, accompagné d’un petit rouge du sud ouest. Nous finirons la soirée pompette et en musique, à danser comme des jeunes (surtout moi), loin du monde et de la mélancolie qui parfois nous étreint…
J’ai mis longtemps à m’endormir ce soir-là. Alors, blotti dans mon hamac et le casque sur les oreilles, pendant que Freddie joue au piano les premières notes de Bohémian Rhapsodie, la pluie aussi commence à jouer sa musique :
« Is this the real life ? Is this just fantasy ? No escape from reality, open your eyes. Look up to the skies and see, I’m just a poor boy…Little high, little low…Didn’t mean to make you cry, carry on, carry on as if nothing really matters…I don’t want to die, I sometimes wish I’d never been born at all…
La nuit et la pluie finiront par nous emporter Freddie et moi. Les gouttes tombent inlassablement tout autour. Il y en même une qui a dû passer à travers le toit et qui coule maintenant sur ma joue , lentement…
































Excellent séjour à bon aventure ! Heureusement que la super C3 tient le coup parce qu’elle en a vu de toutes les couleurs la belle 🤪
T’as juste oublié de dire qu’en dessert on a mangé un mega giga camembert à l’ail made by la ministre du bien être , cuit au barbeuc !
Bisous je t’aime
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Hello ! Sympa cet endroit encore une fois.
Imaginez la cascade qui « fonctionne » toute la nuit… tu sors de ton hamac pisser une paire de fois de plus 😀
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« Nous finirons la soirée pompette et en musique, à danser comme des jeunes (surtout moi) »
Reste prudent, tu pourrais t’abîmer le poignet en tombant 😉.
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