Sauveur et le Rorota

Nous voici donc de retour à Cayenne après ces trois jours d’enfer. Bien que dormir en hamac présente quelques jolies émotions, cela demande malgré tout de prendre certaines précautions : en choisir un en coton plutôt qu’en tissu, pour le confort du toucher et la protection contre le froid; le tendre suffisamment pour ne pas ressembler à une banane une fois couché; y adjoindre le matériel nécessaire pour un meilleur confort (une bonne moustiquaire, un duvet, un coussin, sans oublier la lampe frontale comme dit précédemment, et pour les aficionados le téléphone, bien utile je dois avouer, pour combler les quelques heures inévitables, pendant lesquelles tu ne dormiras pas).
La position dans le hamac est aussi très importante. Si ce n’est pour une petite sieste dans l’après-midi, il est primordial d’en occuper toute la largeur lorsque tu vas y passer la nuit. Ainsi, tu places tes pieds à l’extrémité gauche (attention ne vous emballez pas en cette période pré-électorale), et ta tête à l’opposé (non plus). Ce faisant, tu étires le hamac dans toute sa longueur, la toile étant tendue au mieux, presque à plat. Sinon, mal de dos garanti le matin…
Tout ça pour vous dire que tu apprécies grandement ta première nuit dans un vrai lit ! Cela dit, je pense sincèrement qu’après quelques jours en hamac, tu dois vraiment commencer à en apprécier les avantages.
Nous aurons encore l’occasion de parfaire notre technique dans quelques jours…
Grasse mat, p’tit déj, et nous voilà presque arrivés à midi. Direction le centre-ville pour aller manger dans un resto, une sorte d’estaminet local, nourriture et ambiance créole, chez Sauveur. Il faut savoir que les rues de Cayenne sont tirées au cordeau, perpendiculaires les unes aux autres. Dans ce plan en damier, le tracé des rues est incliné en fonction des vents dominants. Les rues sont donc dessinées de façon à bénéficier le plus possible des vents et permettre une ventilation de l’intérieur de la ville. Nous passons devant une jolie maison créole.
Le restaurant est situé à l’angle de la rue Catayée et du Lieutenant Becker (pour ceux qui visiteraient Cayenne un jour, qui sait ?). Une entrée ouverte sur l’horizontale, une autre ouverte sur la perpendiculaire, courant d’air assuré et donc agréable, même en plein zénith. Les murs sont colorés, agrémentés de jolis tableaux naïfs. Par chance, nous arrivons juste avant la pause de midi et nous pouvons commander presque immédiatement, au comptoir. Là, une gentille serveuse nous écoute, non sans avoir préalablement contrôlé nos pass sanitaires, et nous avoir fait inscrire nos numéros de téléphone sur un cahier. Je pensais que c’était le « livre d’or », tant pis.

Nous passons tous les quatre un par un, afin d’annoncer notre choix. Moi bien sûr, j’ai eu un peu plus de mal à me faire comprendre, à moins que ce ne soit l’inverse…L’accent créole, ce n’est pas évident à la base. Rajoutes-y un masque, un plexiglas et un joli murmure rapide, me voilà bien embêté… Chrys vient heureusement à ma rescousse et tout rentre dans l’ordre. Sauf pour le prochain client qui attendra, bien patiemment, que tout ce que nous avons commandé soit posé sur notre table, carafe d’eau comprise. Il a dû planter là au moins dix minutes avant qu’on s’occupe de lui, sachant que les clients de la pause médiane sont maintenant arrivés…Je ne me moque pas, sachant qu’il n’est pas toujours facile de faire deux choses en même temps ! Les autres clients ne s’en sont pas plaint, moi ça m’a bien plu…
Les plats arrivent les uns après les autres sur notre table et quasi en même temps, s’il vous plait ! Simplicité et couleurs, un autre charmant tableau. Du poisson grillé ou en sauce (de l’Acoupa), pour Chrys et moi, un Bami au poulet pour Juju (plat d’origine javanaise, avec des pâtes, du poulet cuit à la sauce soja, plein de condiments et épices), une fricassée de porc pour Démian, du riz, des lentilles et des acras, le tout accompagné de jus de fruits frais maison !
Après avoir mangé tout le tableau, y compris le cadre, nous rentrons nous équiper (on échange nos claquettes contre des baskets), prenons de l’eau, et partons faire le sentier du Rorota. C’est une boucle de quatre kilomètres qui fait le tour du mont Mahury, à quelques minutes de Cayenne. Le sentier est large, bien balisé, mais très raviné par endroit, encore boueux de la dernière pluie. Difficile à la fois de regarder où poser ses pieds au milieu de cet entrelacs de racines, pareil à un nid de gros serpents, et de scruter la cime des arbres afin d’essayer d’y apercevoir un paresseux ou un singe.

Nous croisons le vol des beaux papillons morpho aux ailes bleu métallique. La flore est comme d’habitude luxuriante, avec ses arbres immenses d’où pendent des lianes tortueuses (les lianes grimpent en s’accrochant aux arbres). Sur ces mêmes arbres poussent d’autres plantes desquelles tombent de longues racines droites jusqu’au sol. Donc la liane monte tordue, tandis que la racine tombe, bien droite (cqfd). Le vert omniprésent de la forêt est souvent entrecoupé du beau rouge orangé de la fleur du paradis. Parfois un bruit sourd résonne tout près : le tronc des bambous géants s’entrechoque au rythme de la brise qui vient, par moment, nous rafraichir de la moiteur ambiante.
Nous longeons un petit ruisseau et un peu plus haut, cachée derrière un lacis de feuilles, une petite cascade.
Plus loin, au sommet du mont, une ouverture dans la forêt nous offre un superbe point de vue sur la plage des Salines et la colline de Montabo.
L’œil aiguisé de Chrys repère une paire de paresseux, nichés dans une fourche tout en haut d’un arbre. Les singes eux restent discrets, nous n’en verrons pas.

Mais quelle belle balade encore !

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